De l'art de passer le ballon.


Article librement inspiré de celui paru dans le "Sports illustrated" du 8 novembre dernier

Depuis l'autorisation de la passe en avant en 1906, le football américain s'est lentement transformé passant d'un jeu de course à un jeu de plus en plus tourné vers les passes en avant.
Si en 1977 en NFL on trouvait encore une proportion de 37 courses pour 25 passes dans un match l'an passé elle était de 28 courses pour 33 passes. Et le taux de réussite des passes est entre temps passé de 51% à 61%!

Le Quarterback est ainsi devenu le joueur clé et les techniques propres au jeu de passe ont été analysées, étudiées en profondeur pour arriver à ce que l'on appelle communément les "fondamentaux" techniques. Ce qui fait en théorie un bon passeur.

La Théorie:
Une passe se décortique en 4 phases: La prise en main du ballon, le mouvement de recul pour s'ouvrir le champ, la mise en position de lancer et la passe proprement dite.
Pour ce qui est de la prise en main du ballon, l'important là est le placement des doigts par rapport au laçage propre aux ballons de football américain. Le technique la plus classique et conseillée par les coachs est la suivante (voir photo) : Le bout du petit doigt contre le lacet, l'annulaire sur le lacet, le majeur calé contre l'extrémité du lacet, l'index légèrement en arrière vers la pointe du ballon.
Le ballon bien en main le QB recule alors, en général de 5 voir 7 pas. La technique "recommandée" est de garder le ballon bien collé au corps au niveau du bas de la poitrine.
Après ces quelques pas le passeur va planter ses pieds et prendre appui sur sa jambe de devant pour gagner de la force lors du lancer en basculant le corps comme une catapulte.
Suit alors la passe en elle même, et là le mouvement apprécié par tout les coaches est un mouvement du bras qui reste compact, épaule fermée, le ballon passant près du casque du QB à hauteur de son oreille et au moment du lâcher un petit coup de poignet provoquant la spirale, ce mouvement du ballon sur lui même qui doit lui permettre d'avoir une meilleure aérodynamique et d'aller ainsi plus vite et plus loin.

Ces "fondamentaux" feraient de celui qui les maîtriseraient parfaitement le quarterback "parfait" et à ce titre il n'est pas innocent de remarquer que cette technique est exactement celle qu'employait celui qui a été le symbole de la mutation du football américain de la course vers la passe dans les années 80: Joe Montana. Etait il vraiment techniquement parfait ou bien est ce que les coaches, devant ses succès, ont décidé que le "style Montana" était le meilleur? C'est un peu l'histoire de la "poule et de l'oeuf"! Reste qu'aujourd'hui on voit souvent des Quarterbacks pourtant efficaces au niveau universitaire se voir rejeter du niveau supérieur car ne possédant pas des "fondamentaux solides"... A tort ou a raison?


La Réalité:
Ce qui est sur c'est que de nombreux QBs ont réussi et réussissent encore en NFL sans être "parfaits"...
Reprenons notre enchaînement... Le "Grip": Troy Aikman (voir photo), 3 Superbowls avec les Cowboys, posait sa main au hasard et la plupart du temps préférait avoir les lacets du ballon dans la paume de la main! Quand à Bradshaw (4 Superbowls avec les Steelers) lui posait son index pratiquement sur la pointe du ballon, une habitude qu'il avait prise en faisant du lancer de javelot au lycée...
Passons aux petits pas de danse en marche arrière et à la "technique" de Joe Namath (Superbowl III avec les Jets) qui tenait le ballon au niveau de sa taille et loin de son corps! On pose son pied on prend appui et on lance son corps, comme le faisait si bien John Elway ou alors on reste droit comme un I, comme une statue de marbre, comme... Tom Brady et ses trois Superbowls.

On lance alors la balle, le bras près du corps à la Montana ou l'épaule grande ouverte à la Phillip Rivers (voir photos) , OK pas encore de Superbowl à son actif mais pas le pire des Qbs de la NFL 2010. Pour finir la balle part tournant comme une toupie sur elle même.... à moins que vous ne soyez Peyton Manning (1 Superbowl et des records à la pelle) dont les ballons restent la plupart du temps sages comme des images! Et oui finalement les meilleurs ont tous leurs "défauts" pour des résultats pourtant flatteurs!

Pour finir de se convaincre que finalement être un bon QB est tout sauf un exercice de style, on notera cette anecdote: En 1992 Steve Mariucci (qui fut coach des 49ers entre 97 et 2002) débarque aux Packers comme coach des QBS. Mike Holmgren, le head coach à l'époque (et qui avait pourtant coaché comme coordinateur offensif le "parfait" Joe Montana aux 49ers) lui fait faire un petit exercice. Il lui demande de comptabiliser le pourcentage de jeux où le QB de l'équipe doit lancer et où est respecté sans accroc l'enchaînement "snap-grip-5 pas à reculons- prise d'appui-passe". A la fin de la saison après avoir vu des centaines de jeux perturbés par des défenseurs agressifs, des receveurs mal placés ou trop bien gardés, des snaps foirés, des blocs ratés sans oublier les feintes et autres formations en shotgun, il arrive au grand total de 24%. Holmgren tout sourire lui répond "on a eu une bonne saison, lors de ma dernière saison au 49 ers on a fait 19%". Et oui, les bon Qbs, à l'arrivée sont simplement ceux qui arrivent à envoyer le ballon au bon endroit au bon moment, et ce quelle que soit la manière.

1 commentaire:

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