Rencontre avec Shuan Fatah


En Europe, la référence footballistique a longtemps été l’Allemagne et en particulier l’Adler de Berlin. Depuis deux ans, l’Autriche concurrence sérieusement nos voisins d’outre-rhin et cette année comme un symbole les Swarco Raiders du Tyrol se sont imposés en finale de l’Eurobowl face à Berlin. La passation de pouvoir entre ces deux équipes est en grande partie du au travail et au talent de Coach Fatah. Nous avons voulu en savoir plus sur l’entraineur européen le plus titré…

Shuan Fatah a commencé a joué au football en 1984 à Berlin et déjà au sein de l’équipe junior de l’Adler. Comme beaucoup d’européens, il commence à coacher suite à une blessure au genou en 1990. D’abord simple assistant il gravit les échelons rapidement et devient coordinateur défensif avant d’obtenir le poste de Head Coach en 1996 a seulement 27ans. Cette première expérience à la tête de l’Adler il l’a qualifie lui-même de « médiocre ».

Son investissement et sa force de travail lui permettent toutefois d’être repéré et il part dès l’année suivante pour Nichols College, une équipe de Div. III NCAA dans le Massachussets. Pour Coach Fatah : « Ce sont les trois plus dures années de ma vie de coach mais aussi les meilleures et les plus importantes en terme d’apprentissage et d’expérience ». En 1998, il est même promu Coordinateur Défensif de l’université, ce qui fait de lui sans doute le premier Européen à atteindre ce niveau aux USA.
Le rêve se poursuit quand en 1999 il reçoit un coup de fil de la NFL Europe. La ligue à la recherche de coaches Européens lui propose de retourner chez lui, à Berlin, pour coacher le Thunder. « Evidemment j’ai sauté sur l’occasion » nous confie-t-il. Coach Fatah restera 9 dans la ligue de développement de la NFL.

En 2007 quand l’aventure NFL Europe s’arrête, il rejoint la German Football League et devient le Head Coach des Monarchs de Dresde. L’année d’après il revient à son premier amour et signe un contrat de 2 ans avec l’Adler. Il quittera Berlin en 2010 après un doublé Eurobowl – German Bowl pour rejoindre les Raiders. Club avec lequel il vient de remporter l’Eurobowl et l’Austrian Bowl…

Au final, en un peu moins de 30 ans Shuan Fatah a gagné 6 Championnats Allemand (Berlin Adler), 1 championnat Autrichien (Swarco Raider Tyrol), 2 Eurobowls (Berlin et Tyrol) et 4 World Bowls (Berlin Thunder et Hamburg Sea Devils). Si on ajoute à cela un titre de champion d’Allemagne avec les juniors de l’Adler en 1994 en tant que HC et la victoire au Global Junior Championship en 1999 avec la Team Europe, il est de très loin l’entraineur le plus titré du vieux continent.

- Coach Fatah, quel est votre secret ? Partout où vous êtes passé, vous avez gagné…

- Je n’ai pas de secret. J’ai eu de la chance. J’ai eu l’opportunité d’apprendre avec les meilleurs et de faire parti d’organisations très bien structurées. J’ai bossé avec d’infatigables travailleurs et j’en ai retiré une devise que j’applique dans toutes les équipes où je coache : "HARD WORK BEATS TALENT, WHEN TALENT FAILS TO WORK HARD". C’est quelque chose que j’ai appris à Nichols College où nous n’avions pas beaucoup de talent à notre disposition. Pour le dire autrement, il n’y a pas de raccourci quand on cherche la victoire. Il faut travailler dur sur et en dehors du terrain. Il faut que toute l’organisation, les coaches et bien sûr les joueurs souscrivent à cette devise. J’ai d’ailleurs fait installer une bannière avec cette devise sur le terrain d’entrainement des Raiders à mon arrivée.

- Quelles sont les règles que vous installez quand vous prenez la tête d’une équipe ?

- Il faut avoir de bonnes personnes autour du programme sur lesquels s’appuyer. Il faut développer de la confiance, installer de la discipline et accepter de travailler dur. C’est le prix pour réussir. Si vous rester constant dans ces trois domaines, vous pouvez bien préparer une équipe de football. Ca c’est la base. Ensuite mon « plan d’attaque » s’articule autour de 5 idées fortes :
• L’unité (togetherness). Nous nous occupons les uns des autres.
• La dureté (toughness). Nous sommes physiquement et mentalement prêts.
• Les fondamentaux (fundamentals). Nous excellons dans les fondamentaux et dans les détails.
• Les 7 zones critiques : Turnovers, Big Plays, Erreurs Mentales, Pénalités Idiotes, 3rd Down Efficiency, Red Zone, Coup de Pieds.
• Ne pas flancher (Don’t Flinch). Jusqu’au dernier jeu du dernier quart temps.

- Comment compares-tu le top niveau Européen par rapport au niveau universitaire américain?

- Les meilleurs programmes en Europe sont comparables selon moi à une université moyenne qui n’offre pas de bourse sportive. De temps en temps une équipe européenne peut titiller un bon programme de Div. III ou même Div. II NCAA mais pas plus. La différence culturelle, technique et de coaching est encore trop grande pour rivaliser sérieusement.

- Envisagez-vous un retour aux USA pour coacher maintenant que vous avez tout gagné en Europe ?

- Le College Football me manque, c’est sur. Comme je le disais, c’est beaucoup de travail mais c’est aussi très gratifiant… C’est surtout un privilège d’avoir fait partie de la famille du College Football aux Etats-Unis, même si c’était pour un temps très limité. Je chercherai toujours à améliorer mes compétences et à faire évoluer ma carrière alors si une opportunité se présente, j’y réfléchirais attentivement… Pour l’instant, il me reste deux ans sur mon contrat avec le Swarco Raiders Tyrol et j’entends bien les honorer.

Julien

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