De Willie Robinson aux Servals en particulier et des coachs nord-américains en géneral

Pendant des semaines les rumeurs ont couru, puis courant mars on a appris que Willie Robinson n’était plus sur le banc des Servals. Une surprise après que cette arrivée ait été annoncée comme un nouveau départ pour le club auvergnat. Mauvais résultats, un forfait, la situation du club de Clermont inquiète beaucoup de monde. J'ai donc essayé d’en savoir un peu plus…

Les Servals m' ont d’abord confirmé que leur contrat avec Willie Robinson a pris fin avec une rupture anticipée du contrat de travail à durée indéterminée le 18 avril. Le club s’est alors organisé en interne pour gérer la fin de saison. Le staff clermontois s’est avoué « déçu par le travail de Willie » et avoir eu « peut-être trop d'ambition » vis-à-vis de cette arrivée. Ils souhaitent oublier ce « résultat décevant » et repartir sur de nouvelles bases.

Du côté de Willie Robinson que j'ai eu longuement en ligne c’est aussi la désillusion. Emu, déçu, le coach semble encore avoir du mal à avaler cet échec. La mayonnaise semble n’avoir jamais véritablement pris entre un coach qui voulait installer de nouvelles méthodes, un nouveau playbook et une équipe où les jeunes talents ne manquent pourtant pas. Entre regrets de ne pas avoir pu commencer son travail plus tôt (il est arrivé seulement en novembre) et une grande impression de gâchis (il parle longuement du super potentiel des Servals, de leur région, de leurs jeunes…) on sent aussi l’amertume et l’impression de ne pas avoir eu la moindre chance de faire ce qu’il était venu faire face à des attitudes conservatrices et méfiantes de certains cadres du club…

Et bizarrement j’ai alors eu l’impression d’entendre mot pour mot ce que m’avait dit coach Olson fraichement éjecté du staff Flash, à moins que ce n’étaient les mots de Dave Marticorena après son départ des Centaures et cette phrase là ce ne serait pas là même que celle que j’ai entendu dans la bouche de Coach Nendel quand il quittait à son tour la Courneuve ? Et puis j’ai regardé les classements… Où en sont Miguel Oquendo et les Hurricanes ? Jarvis Mc Garrah et les Aigles ? Kirk Lax et les Cougars ? Loin, très loin des objectifs affichés. Pessac, Nîmes, St Etienne, Elancourt, La Queue en Brie, Nice, Asnières par contre sont en train de réussir le pari du coaching made in France. Cette saison en fait les seuls coachs nord-américains qui réussissent sont des vétérans de nos championnats, plus tout à fait des « imports » : Coach Legault, Coach Criner, Coach Allanach. Serait- ce donc une mauvaise idée de donner les clés de son club à un coach américain ? Ils ont pourtant souvent l’expertise, l’expérience, les compétences… En fait en discutant avec eux et des dirigeants de clubs les écueils à éviter semblent être les suivants :

•Les dirigeants du club doivent être très clairs avec les coachs nord-américains sur ce qui est attendu de leur part. Recruteront- ils les imports, le reste de l’encadrement de l’équipe ? Décideront-ils de la philosophie de jeu et du playbook de l’équipe ? Du calendrier hebdomadaire de l’équipe ? Des programmes de préparation physique ? Des objectifs sportifs et des priorités du club y compris celles des autres équipes que la « A »? Si la répartition des rôles n’est pas parfaitement claire avec le coach qui arrive tout devient plus compliqué. Revoir un organigramme, remettre en cause le fonctionnement quelquefois très ancien d’un club n’est pas une chose aussi simple qu’il y parait. Si on donne les clés du club à un coach il faut être prêt à vraiment le faire. Si on veut au contraire que ce coach ne soit décisionnaire que sur le terrain il faut être très clair avec lui dès le départ.

•Les coachs US ne se rendent pas forcément compte de ce qu’est un club de foot US en France. Ils viennent presque toujours du monde universitaire ou high school c’est-à-dire des entités où les joueurs sont des groupes homogènes qui restent dans l’équipe assez peu de temps. En France les profils sont beaucoup plus divers. Certains joueurs sont là depuis 10, 15 si ce n’est 20 ans. Ils ont été là bien avant le coach et risquent d’être là bien après son départ. Des coachs ils en ont souvent déjà vu passer. Gagner leur confiance, leur faire changer leurs méthodes, les faire adhérer au discours du « nouveau » est une tâche non seulement difficile mais complètement inédite pour ces entraîneurs qui ont l’habitude de joueurs « malléables » et disciplinés. Ne pas convaincre ces cadres c’est souvent « perdre » l’équipe. Sans le soutien du reste du staff, sans message très clair de tout l’encadrement du club c’est souvent une tâche insurmontable et le début des ennuis.

•Investir dans un coach nord-americain ne peut fonctionner que si d’autres efforts sont faits. Certains clubs pensent encore que leur nouvel entraîneur US va être le Messie qui va tout changer et donner une nouvelle dimension au club. Mais sans investissement structurel et matériel c’est peine perdue. Un coach US ne va pas vous trouver des créneaux terrain à la Mairie, ne va pas trouver l’argent pour boucler le budget, ne va pas recruter dans les facs et les lycées du coin, ne va pas assurer la communication du club, tenir les comptes et acheter les maillots. Sans projet solide, sans encadrement réel, avec les meilleures idées du monde, il échouera.

Quand on discute avec des entraineurs américains ou canadiens qui ont coaché ou coachent chez nous, ils parlent avec enthousiasme de la passion qui animent les joueurs français, du talent et du potentiel chez eux, des grands moments qu’ils ont vécu dans des organisations qui sont souvent des « secondes familles » mais ils parlent aussi de leurs difficultés à s’intégrer, à faire passer leurs messages, à comprendre le fonctionnement des clubs, de nos championnats, de notre fédération. Les résultats sont, on le voit cette année, très contrastés, avec plus de « déchet » que de réussites. Pourtant notre football serait- il où il en est aujourd’hui sans le passage chez nous de certains coachs ?

Willie Robinson a échoué à Clermont. Pourtant à Elancourt, à Toulon, avec l’équipe de France il a aussi réussi de belles choses… Et en réussira peut être d’autres ailleurs (il nous a d’ailleurs dit qu’il avait toujours envie de coacher ici et sa passion pour le football et la France sont indéniables). Entre un coach et un club c’est un peu comme en amour. Difficile de trouver « le bon », celui ou celle qui est fait pour vous et quand on l’a trouvé il faut accepter de changer, de faire des compromis…

On souhaite par avance bonne chance à ceux, coachs et clubs, qui se lanceront la saison prochaine dans cette aventure. Pour le meilleur et pour le pire.

24 commentaires:

  1. Les système français est tellement différent de ce qu'il y a aux USA... Un coach américain peut bien sur apporter beaucoup d'expertise technique à une équipe. Cependant, les formats de championnats français, le caractere des joueurs, et le fait que la présence aux training soient basée sur le volontariat peut dépayser les américains arrivant chez nous.
    L'idéal serait peut-etre d'utilser ces personnes plsu expertes en tant que consultants techniques pour profiter de leur savoir, les acclimatant ainsi à nos règles pour ensuite les intégrer au staff.

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  2. Je conseillerais juste aux clubs qui souhaiteraient travailler avec Mr Robinson de prendre ses références avec ses anciens clubs.

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  3. Robinson il faisait aussi les juniors chez les servals ?

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  4. non Robinson ne s'occupait pas des juniors

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  5. Très bon article ! Et je rejoins quasiment en tout point l'avis de Nick !

    On oublie bien souvent dans l'import de joueurs/coachs la dimension culturelle de la chose. C'est vrai en footam comme dans tous les autres sports "mondialisés". Pour avoir moi même fait partie d'une équipe college de soccer aux US, je peux vous affirmer que l'acclimatation est difficile, et surtout demande du temps ! Or le temps, le sport de haut niveau n'en offre que peu.

    Le 6e paragraphe de l'article sur la différence entre les clubs français et le système sportif US est pour moi tout le coeur du problème, et il est vrai que les Américains sont plus disciplinés du point de vue du groupe, louper des entrainements pour X ou Y raison n'est tout simplement pas envisageable, les emplois du temps étant adaptés, et exposer - en tant que joueur - un point de vue technique différent du coach est tout simplement impensable. Du coup, pour un coach US, il parait acquis que les joueurs vont "obéir" aux directives, alors que dans notre culture (latine, on l'oublie souvent), le social, l'humain est primordial et il est indispensable de convaincre d'abord les hommes avant de pouvoir mettre en place quoi que ce soit.

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  6. Pour moi, un coach canadien a + de chances de bien s'intégrer à la culture européenne (même si le background de football sera peut être inférieur par rapport à un coach US).

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  7. Félicitations pour l'ensemble des décisions prises par le petit groupe de dirigeants Servals depuis deux ans.

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  8. Anonyme a dit...
    Félicitations pour l'ensemble des décisions prises par le petit groupe de dirigeants Servals depuis deux ans.



    A part conduire le club à l'échec, je ne vois pas ce qu'il y a eu de bon...

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  9. Bonjour,
    je rejoins zini sur son dernier paragraphe quand il dit : "le social, l'humain est primordial et il est indispensable de convaincre d'abord les hommes avant de pouvoir mettre en place quoi que ce soit"
    en effet cette année mon équipe avait un coach américain, quand il arrivait il a etait claire : " je ne suis pas votre ami je suis votre coach! point."
    il ne s'est pas du tout ouvert au debut et c'est montré tres rigide et je sais que ce comportement beaucoup l'on mal vécu, ce n'est pas le seul point négatif mais la j'en resterai la.
    Petit point positif il a fini par se décoincer un peu mais trop tard la plus part des joueurs étaient deja partie ! dommage
    Au niveau de son expertise par contre vraiment pas mal ! de véritable connaissances et expérience smais plus en temps que qu'ancien joueur plutot que coach et ceci fut à mon avis une grande partie du problemes aussi :(

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  10. Et la tout le monde se demande ou joue numéro 25!!!

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  11. Bon courage aux Servals pour leur fin de saison!

    Je sais pas ce qu'il y a eu au club, mais beaucoup de commentaire avec des sous entendu, ce serait bien d'en savoir plus !

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  12. Apparement des "anciens, des historiques" de l'association sont partis en mauvais termes des servals.
    Cela s'est fait apres la mise en place de nouveaux dirigeants (il y a 2 ans)
    Certains d'entre eux ont créé un club à issoire, les salers.
    Vu que les vaches sont très nostalgiques, elles ont du mal à accepter la rupture, couper le cordon, de peur sans doute de pas faire de lait ?
    En gros rien de neuf dans le monde associatif, dans celui du foot américain.

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  13. @Anonyme 9 : c'était de l'ironie !

    Anomyne 8

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  14. Ou l'inverse... A savoir les "jeunes pousses" ont, il y a 2 ans, poussé vers la sortie "l'ancienne garde" se voyant trop vite plus beaux qu'ils n'étaient.
    L'ancienne garde et leurs nombreux "sympathisants" depuis de longues années ne font que constater les dégats : image du club écornée (jeu de mots Salers) et équipe Seniors aux portes de la relégation... Tout ça pour ça !
    Comme quoi il faut avoir les reins solides et une certaine expérience pour savoir mener une révolution.
    Anonyme "sympathisant" : ni ancien Serval, ni Salers... simple spectateur.

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  15. Oui, le problème structurel fait aussi beaucoup, le college ou le high school football sont des structures scolaires où le pouvoir du sportif est intégralement dédié aux coachs. Chez nous, fonctionnant sous forme d'associations, c'est très différent et ça peut perturber les coachs étrangers qui peuvent se sentir lésés.

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  16. Bonjour,
    je tiens a faire un petit rappel factuel sur les Servals avant l'arrivé du nouveau président, je le rappelle, élu démocratiquement (ce qui n’était pas le cas avant) en juin 2010.
    Les Servals ont eu des années fastes entre 1998, date de leur premier casque d'or, et 2007, lors de leur demi-final d'Elite face au FLash.
    Mais si l'on regarde les résultats sportif, car c'est sur cela que nous sommes jugés, tout n’était pas si rose :
    - 2005 : casque d'Or, 2 victoires et 6 défaites.
    - 2006 : 6 victoires, 4 défaites, une demi finale épique face aux Iron Masks, et une victoire en finale face aux Chevaliers.
    -2007 : première année en elite, et première demi finale perdu face au Flash sur le score de 34-00. L’accession en demi se fait avec une fiche négative de 4 victoires et 6 défaites, et le forfait des argos. Le tout avec un bon groupe d'ancien revenu pour une ultime saison en elite avec les Servals, et 6 ou 7 joueurs des Giants de Saint Etienne.
    -2008 : 1 victoire et 7 défaites malgré 2 joueurs américain de bon niveau. Les Servals restent en elite car il n'y a pas de descente.
    -2009 : 0 victoire-10 défaites, 48 points marqués, 384 encaissés, UN FORFAIT contre les dauphins de Nice, même si l'équipe c’était deplacée (pb d'arbitre). Descente en casque d'or.
    2010 : 3 victoires, 1 nul, 6 défaites, les Servals terminent à la huitième place du championnat sur 10 équipes.
    Voila, j'ai participé à toute cette aventure Servals depuis le début. J'ai joué, arbitré, coaché durant toutes ces belles années, mais j'ai choisi le changement et surtout l'appartenance d'un club a ses licenciés et non à des personnes.
    Donc pour apporter une réponse : oui, wiilie robinson est un echec pour les servals, surtout avec tout le boulot fourni par le président et son bureau pour faire de lui le premier salarié nord américain d'un club de foot en france, mais non les servals ne sont pas mort ou en futur dissolution, et quand on voit les résultats sportifs effectuées par l'ancien président (je ne parle pas de la formation des jeunes qui etait casi inexistante) je ne pense pas que le club des Servals est dans cette situation que depuis 2 années. Nous acceptons nos echecs, nous assumons, mais l'histoire ne s’arrête pas la, il y a encore beaucoup de travail à effectuer.

    Olivier

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  17. Les vaches sont pas nostalgiques ! Elles ruminent !
    Salers pas cool tout ça ! C'est vachement pas drôle !

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  18. Tu as raison Olivier les résultats 2009 et 2012 sont tout à fait comparables à.... une division d'écart près (Elite en 2009, D2 en 2012...).
    Quant à la formation des jeunes les bons résultats des dernières années et les sélections EDF et les efforts de recrutement incessants ne datent pas de 2010.
    Reconnaissez au moins que la transition a été trop brutale et que vous payez le fait de ne pas avoir su retenir vos anciens pensant faire aussi bien voire mieux sans eux.
    De même reconnaissez que les départs avec pertes et fracas se multiplient ces dernières années : vos anciens en 2010, votre coach cette saison. Concernant 2011 d'autres anciens ont suivi et vos américains se sont largement répandus sur les doutes sportifs qu'ils avaient et leur qualité d'intégration assez "relative".
    A ce stade c'est une vraie impression de gachis et de précipitation qui est laissée.
    Après il est clair qu'une présidence ne se juge pas sur deux saisons mais disons que le démarrage est beaucoup moins "bling-bling" qu'annoncé...

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  19. Quels anciens ? Thomas était assez isolé lors de l'election du nouveau President. Il n'y avait personne pour lui venir en aide. Ou étiez vous ? Si il y avait du monde pour le soutenir vous ne seriez pas là à cracher sur votre ancienne équipe puisque vous seriez au bureau. Pourquoi ne pas avoir proposer un staff aussi imposant que celui de votre nouvelle équipe ? Vous auriez surement eu une majorité à l'election. Alors maintenand nous avons tous du travail pour faire avancer le foot en auvergne. Au faite les clubs n'appartiennent á personnes mais aux licenciés. Anonyme tu as oublié de signer.
    Arnaud

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  20. Servals comme Salers : Taisez-vous !

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  21. Comme disait Nico avant de pousser dehors Toto et le reste du staff "trouver un coach c'est facile" ...
    Pour Willie il était vraiment bosseur et passionné (parfois trop) mais il lui manquait l'encadrement nécessaire, comme pour nos ricains l an dernier. Je lui souhaite bonne chance pour la suite.
    PE #27

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  22. Vu de l'extérieur, tous ces règlements de comptes entre anciens, nouveaux et nouveaux anciens... ça pue vraiment. Vous donnez vraiment pas envie entre un club en régional je crois et un autre presque en D3. Après je connais pas vraiment la situation, mais ça sert à quoi tout ça ?

    Un lecteur parisien.

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