Notre Dame: Des moines français, des irlandais bagarreurs et Jesus qui surveille tout ça.

A trois jours du match à Dublin, nous vous présentons un peu plus en détail non pas les équipes, mais les Institutions qui s’affronteront samedi pour l’ouverture de la saison NCAA. Demain nous vous parlerons de Navy mais pour commencer allons faire un tour dans l’Indiana…

Tout d’abord un petit détail qui a son importance: Ce n’est pas l’Université de Notre Dame qui traverse l’Atlantique pour commencer sa saison ce week end mais «The University of Notre Dame-du-Lac ». C’est en effet le nom officiel (et en français dans le texte) de l’école de South Bend. Sa création date exactement du 26 novembre 1842 quand le Père Edouard Sorin fonda cette école sur un terrain offert par l’évêque de Vincennes (Vincennes dans l’Indiana !). Père Sorin… et oui, un français ! A l’origine le religieux était dans la région pour évangéliser les indiens Potawatomi et pour cela Sorin construisit, avec les 8 frères qui l’accompagnaient, une église (à l’emplacement actuel de la basilique et du dôme doré) et une école. D’abord simple école primaire et secondaire Notre Dame devint une Université dès 1844.

La vie du Père Sorin fut assez romanesque : Né à Ahuillé près de Laval (pas au Québec, en Mayenne !) en 1814 il est attiré par la religion et surtout par les missions d’évangélisation qui faisaient rêver beaucoup de jeunes prêtres à cette époque. C’est pour cela qu’il rejoint la Congrégation de la Sainte Croix fondée tout près de là au Mans. Il est alors envoyé en mission aux Etats Unis en 1841. C’est dans ces conditions, à 28 ans et avec un petit groupe de moines, qu’il arrive au bord d’un lac du Nord de l’Indiana dans une contrée encore très sauvage et fonde Notre Dame. Il dirige alors l’institution pendant de nombreuses années tout en continuant à travailler pour sa religion. Sa congrégation envoie ainsi depuis l’Indiana de jeunes missionnaires aux quatre coins du Monde, Inde, Chine, Japon… Les infirmières et médecins formés à Notre Dame sont particulièrement mis à contribution pendant la guerre de Sécession et font connaitre la jeune école dans tout le pays. En 1872 il est appelé par l’évêque de Galveston au Texas pour qu’il l’aide à créer une autre université, St Edward’s Academy qui est toujours une des meilleures écoles du Texas à Austin. En 1879 le bâtiment principal de l’Université de Notre Dame est détruit par un incendie. Dans un fataliste très catholique il se remonte les manches et déclare à son équipe : « Je suis arrivé ici en rêvant de construire une grande Université en l’honneur de Notre Dame. Mais je l’ai construite trop petite. Alors Elle l’a brulé pour me le faire comprendre. C’est pourquoi demain, dès que les briques seront refroidies, nous la reconstruirons plus belle et plus grande que jamais ». Son œuvre sera même reconnue par son pays d’origine qui lui décerne en 1888 la distinction très troisième République d’ « Officier de l’Instruction Publique ». Il meurt à South Bend le 31 octobre 1893.

Exclusivement masculine jusqu’en 1972 (à une époque où la majorité des employés de l’école étaient encore des moines et des nonnes) Notre Dame est toujours gérée par l’église catholique et la congrégation de la Sainte Croix (dont Notre Dame est le siège aux Etats Unis). Son catholicisme reste profond avec encore aujourd’hui près de 80% de ses 8 000 étudiants fidèles à cette religion. Parmi les éléments les plus marquants du campus on trouve ainsii de nombreux monuments religieux comme la fameuse mosaïque ornant le bâtiment de la bibliothèque, connue sous le nom de « Touchdown Jesus » du fait de la posture de Jesus sur cette œuvre visible derrière la en- zone Nord du stade, la réplique à l’identique de la grotte de Lourdes ou la statue de Moïse dite « First Down Moses », le prophète y étant représenté avec un doigt en l’air ! On considère que plus de 100 messes sont célébrées sur le campus chaque semaine. Chaque résidence réservée aux étudiants sur le campus porte le nom d’un saint catholique.

Notre Dame a des standards académiques parmi les plus exigeants du pays et est classée 19ème dans les derniers classements des meilleures universités américaines. Sa bibliothèque est l’une des 100 plus grandes du pays.

Avec une pareille histoire on pourrait se demander pourquoi Notre Dame ne vient pas plutôt jouer dans le pays de son fondateur à Paris ou pourquoi pas au Mans ou à Laval ! Mais il faut tout de même se souvenir que les fils d’immigrants Irlandais catholiques ont longtemps été majoritaires parmi les étudiants de Notre Dame et y ont rapidement importé une forte identité « verte ». Le surnom porté par les joueurs de l’équipe de football, les « Fighting Irish » ne date d’ailleurs pas d’hier ! Son origine remonte à 1909 et à un match contre les voisins et rivaux de Michigan. Menée à la mi-temps, le capitaine de l’équipe s’adressa en colère à ses coéquipiers : « Qu’est ce qui va pas avec vous les gars aujourd’hui ?! Vous êtes tous Irlandais et vous êtes incapables de vous battre ! » Piqués au vif dans leur fierté irlandaise, ils se réveillèrent et gagnèrent en plus du match un surnom qui a aujourd’hui plus d’un siècle d’âge.

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