Interview de Robert Huber . Président de l'EFAF


Nouvelle compétition clubs IFAF-Europe, AG EFAF mouvementée notamment pour la France, rien n’est très clair dans l’interminable guerre entre les deux institutions. Après l'AG de l'EFAF il y a 10 jours, l'IFAF Europe discutait de sa "Champion's League" à Varsovie lundi. Nous avons donc voulu en savoir un peu plus et Robert Huber, l’indéboulonnable Président de l’EFAF a accepté de répondre à nos questions. Il se veut entre autre optimiste sur la participation pour l’instant remise en question de l’Equipe de France à l’Euro.



- A votre avis quelle est la véritable origine de l’imbroglio entre IFAF-E et EFAF.

- De notre point de vue, les discussions concernant les structures de l’IFAF doivent être réglées à l’intérieur de l’IFAF. L’EFAF est la plus ancienne et celle qui a eu le plus de succès de toutes les fédérations continentales. L’IFAF a été créée quand l’EFAF a commencé à travailler avec le Japon. En quelque sorte l’EFAF est la mère de l’IFAF et elle continue d’exister fonctionnellement et opérationnellement. Le “European Committee of IFAF” (NDLR: L’IFAF-Europe) souhaite remplacer le membre exécutif de l’IFAF pour l’Europe (NDLR: Le Président de l’EFAF) au sein de l’IFAF. A la place d’une personne, l’Europe est donc représentée par un comité de 10 personnes. A l’arrivée le risque est clair : L’Europe peut se retrouver divisée pour défendre ses intérêts à l’IFAF.

- Le TAS de Lausanne a donné l’autorité du football en Europe à l’IFAF-Europe tout en autorisant l’EFAF à continuer son travail, comment avez-vous compris cette décision paradoxale?

- Le TAS a décidé que l’EFAF existe indépendamment de l’IFAF Ce qui est tout de même curieux étant donné que l’EFAF paie une cotisation annuelle à l’IFAF depuis la création de cette dernière. Le TAS n’a pas demandé à l’EFAF de cesser ses opérations ni de transférer ses compétences à l’IFAF. L’EFAF continue donc d’exister avec ses compétitions et continuera sa mission.

- Toutes les compétitions de l’EFAF auront donc bien lieu cette année ?

- L’Eurobowl, l’ EFAF Cup et l’Atlantic Cup continueront c’est sûr. L’Eurobowl est la compétition de club la plus prestigieuse en Europe avec 27 ans d’histoire. Le succès collectif de tous les clubs du Continent ces trois dernières décennies. Les clubs français ont d’ailleurs pu grandir avec cette compétition.

Le “Board of Directors” de l’EFAF a récemment désigné un Comité des competitions de clubs qui comprend des dirigeants des meilleurs clubs de ces dernières années: Mrs. Elisabeth Swarovski Présidente des Swarco Raiders Tyrol, Christophe Briolin du Flash de La Courneuve, Carsten Dalkowski Président des Marburg Mercenaries, Joaquim Martins Président des Pioners de L 'Hospitalet, Frank Metscher Président du Berlin Adler, Martin Seiler Président des Calanda Broncos et Karl Wurm Président des Raiffeisen Vikings de Vienne. D’autres membres pourront rejoindre ce groupe dont très certainement le Président du futur Champion de la GFL quel que soit le club vainqueur. Le « Board of Directors” consulte actuellement ce groupe des grands dirigeants européens pour améliorer et ajuster nos compétitions de club. Le 28ème Eurobowl devrait avoir lieu le week-end du 19-20 juillet et la finale de l’EFAF Cup le 14 ou 15 juin.

L’EFAF a la volonté de continuer à offrir les meilleures possibilités de jeu aux différents niveaux de clubs européens. L’EFAF travaille et reste ouverte à des changements dans les règlements et les formats des compétitions pour qu’il y ait le plus d’équipes possible qui y participent.

- Que pensez- vous de la compétition concurrente présentée lundi à Varsovie par l’IFAF Europe ?

- Le Board de l’EFAF n’a pas d’information officielle concernant cette compétition qui serait organisée par l’IFAF. L’EFAF comme je vous le disais va continuer ses compétitions et va passer beaucoup de temps et d’énergie pour les organiser aussi bien que possible. Je pense que les fédérations nationales devraient chercher des moyens pour rendre les choses possibles pas pour empêcher qu’elles se fassent… L’EFAF elle veut que les choses se fassent et nous sommes prêts à ce que nos compétitions se déroulent parfaitement.

- L’AG de l’EFAF a été marquée par le fait que la France n’a pas pu faire entendre sa voix, sanctionnée pour un retard de paiement elle n’a pas pu voter aux différentes questions débattues. Officiellement la France et ses équipes clubs et nationales ne pourront pas participer aux compétitions EFAF cette année y compris l’Euro… Qu’en est- il vraiment ?

- Le board de l’EFAF va devoir proposer lors de sa prochaine réunion d’autoriser la France à participer aux compétitions 2014 malgré la sanction réglementaire. Il y a d’ailleurs eu déjà la même proposition lors de l’AG du 14 septembre mais elle n’a pas obtenu les 2/3 des votes nécessaires pour son approbation. Neuf pays présents ont voté pour et 5 contre, la Finlande, la Grande Bretagne, l’Italie, la Norvège et la Suède. La République Tchèque s’est abstenue. Comme la Suède et la Finlande sont qualifiées pour l’Euro de cet été en Autriche, je pense qu’au moins ces deux fédérations changeront leur position et autoriseront la France à y participer lors du prochain vote. Pour l’instant l’EFAF compte aussi sur la présence de clubs français pour les compétitions du printemps prochain. Personnellement je ne pense pas que l’on devrait exclure des fédérations de nos compétitions pour de simples problèmes administratifs.

- Aujourd’hui l’EFAF a-t-elle les moyens financiers et humains pour travailler sur le long terme ou ne gère-t-elle plus que les affaires courantes?

- L’EFAF continue avec ses propres ressources humaines et financières. Tous les bénévoles qui ont participé à nos activités dans le passé sont toujours là avec nous et continueront à travailler avec l’EFAF. L’EFAF est complètement indépendante financièrement et de ce côté-là nous ne dépendons d’aucune décision extérieure. Notre plan de développement à long terme reste d’actualité et est réajusté chaque année lors de notre Assemblée Générale.

- On a pourtant l’impression que si vous avez surement les compétences et l’expérience les moyens financiers semblent plutôt du côté de l’IFAF …

- Je ne sais pas si l’IFAF a vraiment de l’argent. L’IFAF Europe dépend directement de l’IFAF dont les finances sont gérées par le comptable d’USA Football et supervisées par le directeur exécutif d’USA Football Mr. Hallenbeck. D’après les statuts de l’IFAF tous les contrats de l’IFAF doivent être validés et signés par son Président Mr. Tommy Wiking. Et d’après les informations financières présentées lors du dernier congrès de l’IFAF à Helsinki, l’IFAF a devant elles de très grosses échéances financières.
L’EFAF de son côté a effectivement des compétences et de l’expérience et nous avons surtout la confiance des clubs leaders en Europe qui comptent sur nous pour l’organisation de compétitions de haut niveau. Et le cœur de notre sport se situe dans les clubs.

- L’EFAF est souvent vue comme une “Organisation allemande”, qui travaille avant tout pour le football allemand. Que répondez-vous à ces critiques ?

- L’EFAF c’est vrai est une organisation qui est très soutenue par le football allemand. L’AFVD (NDLR: la fédération allemande) s’est engagée à supporter une fédération européenne totalement indépendante et c’est ce qu’est l’EFAF aujourd’hui. L’AFVD ne veux pas voir des Américains ou des Asiatiques décider du fonctionnement du football en Europe. Mais il faut aussi noter que l’AFVD et ses clubs donnent beaucoup plus dans le développement du football européen qu’ils ne reçoivent. L’AFVD a dû venir au secours de l’EFAF en 2001 et en 2010 pour sauver les Championnats d’Europe quand les pays hôtes prévus n’ont pu tenir leurs engagements. Pareil cette année pour les championnats Junior. Pareil pour les Championnats du Monde IFAF 2003. Dans tous ces cas l’AFVD est arrivé après l’échec d’autres et n’a pas été avare de travail et d’argent pour que ces événements aient lieu. L’Allemagne pourrait survivre sans peine sans les compétitions européennes. Mais les dirigeants de l’AFVD comprennent que c’est aussi le devoir de la plus grande fédération européenne et de ses 50.000 membres de montrer la voie au reste de l’Europe. Il est nécessaire de protéger les petits pays en Europe ceux qui n’ont aucun moyen de se faire entendre au niveau mondial. Quel intérêt ont les Américains pour le football du Luxembourg, de l’Irlande ou de la Belgique. Aucun. L’EFAF s’intéresse à ces pays et l’AFVD aussi.

- L’organisation des matchs de playoffs en EFAF Cup semble souvent être donnée au club qui peut donner de l’argent et pas forcément à celui qui propose les meilleures conditions pour le match (meilleur stade, public nombreux, couverture media…). Est- ce que l’EFAF ne regarde pas trop le court terme et pas les effets à long terme quand elle fait ces choix?

- Les équipes européennes sont souvent très motivées pour organiser ces matchs. Afin d’éviter l’amertume chez certains nous avons implémenté il y a quelques années une grille multi critères pour faire le bon choix. Des critères comme le lieu, le stade, le public, la couverture TV, les frais…

En EFAF Cup, les équipes participantes ont moins de moyens financiers que celles de l’EFL, les propositions financières sont donc toujours limitées et en général pas décisives De manière générale le choix est souvent difficile et très discuté. Les membres du Board à l’exception de ceux des pays candidats votent librement après avoir consultés les candidatures.

- L’Allemagne et l’Autriche semble prendre de l’avance sur les autres nations européennes. Est que l’EFAF considère qu’aider les autres pays à rattraper ce retard est une des ses missions ?

- Oui définitivement. C’est pourquoi nous avons lancé il y a plusieurs années le programme de développement et de formation des coachs et avons mis en place une compétition de club pour des pays moins avancés, l’Atlantic Cup. Mais quoi qu’il en soit l’EFAF ne pas non plus faire tout le travail à la place des fédérations nationales.

- Aujourd’hui chaque pays a ses propres règles concernant les “imports”, est ce que l’EFAF ne devrait pas imposer une règle unique?

- C’est un bon point. Nous savons tous à quel point il est difficile de trouver, quel que soit le sujet, une règle commune qui soit acceptée par tous les pays européens. Le sport ne fait pas exception! J’espère que nous y arriverons dans le futur. Pour le moment les pays et les fédérations sont trop différents et chacun doit trouver sa propre règle en adéquation avec sa situation et ses propres besoins. De manière générale l’EFAF conseille à tous de former ses propres joueurs et de s’appuyer sur ceux-ci plutôt que d’embaucher des joueurs américains même si ces derniers nous aident aussi à élever le niveau de jeu dans nos compétitions. C’est cet équilibre que l’EFAF essaie de trouver dans les règles qu’elle fait appliquer pour les compétitions de club qu’elle gère.

- Quelles sont pour vous les forces et les faiblesses du football français?

- La force du football français réside dans le fait que beaucoup de clubs développent leurs propres talents et ont désormais des bases solides basées sur la formation des jeunes. La France est depuis des années et reste le second pays en Europe pour le nombre de pratiquants et a remporté régulièrement des médailles lors des dernières compétitions européennes. Le système français avec un support important en argent public est unique en Europe. Aucune autre fédération en Europe ne reçoit autant d’aide gouvernementale. Pour ce qui est des faiblesses je préfère poliment ne pas les aborder. Ce n’est pas mon rôle de critiquer le football français.

- Est-ce que vous pensez comme certains que l’Europe pourrait avoir une ligue semi-pro internationale?

- Si par ligue semi-pro vous voulez dire que tous les joueurs de cette ligue seraient payés et pourraient au moins en partie vivre du football, je pense qu’on en est encore loin. Il y a déjà des essais dans le passé avec la FLE ou la NFL Europe. Deux échecs. Je ne pense pas que le football européen soit prêt pour ce genre de chose.

- Comment voyez-vous le football européen dans 5 ou 10 ans?

- Je crois que cela dépendra beaucoup de ce qui va se passer dans un futur proche. Le football européen a bien progressé ces 20 dernières années mais nous arrivons à un virage important. Les choses pourraient être détruites très facilement et très rapidement et on sait que reconstruire prend beaucoup plus de temps que détruire. Certains pays qui sont en panne depuis quelques années, qui ne progressent plus tant en nombre de joueurs, qu’en nombre de clubs et dont le niveau des équipes nationales et de club stagnent essaient pourtant de forcer le reste de l’Europe à les suivre dans leur voie. Nous verrons où tout ça nous mène et si c’est une bonne idée…

- Les fans britanniques peuvent profiter de matchs NFL, la NCAA semble avoir apprécié son expérience en Irlande, pensez-vous que l’on pourra voir des événements de ce type dans le reste du Continent prochainement?

- La NFL a le regard fixé sur le marché britannique car elle peut y générer des profits avec les droits TV et on voit que le public répond présent à Wembley. Pour l’instant la situation dans le reste de l’Europe ne permet pas d’envisager de voir la NFL aller ailleurs. Pour ce qui est des universitaires c’est un autre débat car ils sont moins à la recherche d’un profit financier. Des événements en Europe continentale me paraissent plus possibles avec la NCAA qu’avec la NFL.

Photo: Football Austria

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