Petite histoire de Spring Training

Mars, même si ce n’est pas forcément toujours le cas quand on regarde par sa fenêtre, est le mois de la promesse des beaux jours. Et en sport c’est Spring Training qui est le signe de ces premiers espoirs de soleil. Pendant qu’une bonne partie de l’Amérique du Nord grelotte encore dans le froid et la neige, les premiers jours de mars font revenir le baseball sur le radar des amateurs. En Arizona et en Floride, les équipes pros se retrouvent pour préparer sous le soleil la saison à venir. Pendant tout le mois les parties vont s’enchainer et les fans vont découvrir, sur place ou derrière leurs écrans, les nouvelles têtes de leurs équipes préférées. Retour sur l’histoire de cette institution du sport américain.

Dès les années 1870 des équipes du Nord Est descendent dans le Sud préparer leur saison. La première trace de préparation délocalisée remonte à 1870 et des camps organisés par les Reds et la White Sox à la Nouvelle Orléans. Au début on peut surtout parler de tournées itinérantes en train à travers le vieux Sud avec des matchs organisés contre des équipes locales, universitaires ou semi-pros. En 1888 à Jacksonville les Nationals affrontent les Giants dans ce qui est considéré comme le premier match de spring training entre franchises MLB. En 1903 les Athletics de Connie Mack passent tout le mois de mars à Jacksonville, les premiers à rester sur place aussi longtemps. Les résultats sont plutôt décevants et l’équipe de Philadelphie ne descendra plus en Floride avant 1914. Le séjour des A’s est jugé un peu trop mouvementé par coach Mack dont le pitcher vedette Rube Waddell combat contre un alligator avant d’essayer de se suicider après une relation tourmentée avec une beauté locale!

C’est à partir de 1913 en Floride que tout cela commence à s’organiser avec des séries de matchs amicaux entre équipes MLB. Les Cubs (à Tampa), les Browns (à St Pete), les Cardinals (à St Augustine) et les A’s de retour à Jacksonville s’affrontent régulièrement pendant leurs camps. C’est le début de la Grapefruit League, championnat de la pre-saison floridienne. Les autorités locales qui se lancent dans la création d’infrastructures touristiques subventionnent les équipes pour qu’elles viennent tenir leur camp dans leurs villes et faire de la publicité à ces nouvelles stations balnéaires. Certaines municipalités construisent même des stades flambant neuf pour attirer les équipes. A l’époque la Floride est quasi vide et Spring Training va devenir un fantastique moyen de faire connaitre l’état. En 1923 quand la Red Sox s’installe à Sarasota il n’y a que 2 500 habitants c’est aujourd’hui une agglomération de presque 400 000 habitants.

Pendant la guerre les restrictions sur les voyages en train obligent les équipes à se replier sur des coins moins exotiques : La White Sox s’installe à French Lick, Indiana (bourgade bien connue pour être le lieu de naissance de Larry Bird), les Senators vont sur le campus de Maryland University et les Yankees sont à Asbury Park sur la côte du New Jersey (la ville de naissance de Bruce Springsteen). Mais dès 1947 les Phillies sont de retour à Clearwater et d’autres suivent très vite.

Même à cette époque la Floride n’a tout de même pas le monopole de spring training. Avant-guerre les St. Louis Cardinals vont régulièrement à Hot Springs dans l’Arkansas, les Yankees à la Nouvelle Orleans, les Cubs sur Catalina Island au large de Los Angeles, les St. Louis Browns à San Diego et les Pirates à Honolulu. Juste après le conflit, une partie des équipes choisissent de se retrouver en Arizona et créent la « Cactus League ». En 47 et 49 les Dodgers sont à La Havane, en 48 ils sont en République Dominicaine, des destinations où l’on retrouve les Yankees au début des années 50. D’autres iront aussi au Mexique. Les derniers à ne s’entrainer ni en Arizona ni en Floride seront les équipes californiennes qui restent dans leur état : Les Angels à Palm Springs et les Padres à Yuma attendront 1993 pour rejoindre pour de bon la Cactus League.

Aujourd’hui la répartition est égale entre Arizona et Floride avec 15 équipes s’entrainant dans chacun des deux états. Pendant ces 4 à 6 semaines (les lanceurs et catchers arrivant en général plus tôt dès la mi-fevrier), les joueurs comme leurs équipes prennent leurs habitudes. Les stars s’achetant souvent un pied à terre près du site du Spring Training de leur équipe ils y passent au moins ces quelques semaines si ce n’est tout l’hiver voir leur retraite. De nos jours, les matchs de Grapefruit et Cactus League ne sont pas exclusivement entre équipes MLB, surtout en début de camp. Des équipes universitaires, des équipes de baseball mineur ou des équipes nationales affrontent régulièrement les franchises MLB. L’équipe de France cette année vient ainsi de jouer 5 matchs de Cactus League contre les Dodgers, les Padres (deux fois), les Mariners et la White Sox. Ces dernières décennies Spring Traning est devenu aussi un rendez-vous pour les fans qui s’offrent une semaine ou deux au soleil avec plage (en Floride), golf et baseball. En 2011 par exemple la Cactus League a vendu 1.59 million de billets. Les stades sont de plus en plus spacieux, celui des Yankees à Tampa dépassant les 10 000 places. Le Spring Traning des Braves est même devenu une véritable attraction: Leur stade est installé dans l’enceinte de Disney World à Orlando.

Les franchises de la ligue pro japonaise ont repris ce principe en allant préparer leurs saisons en Corée du Sud, aux Philippines, à Taiwan, à Hawaii ou en Californie.

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