A la découverte de Mississippi State

Dans l’univers impitoyable de la NCAA et de sa conférence vedette la SEC on pense souvent en premier aux équipes de l’Alabama (Bama et Auburn), aux rivales de la division Est (Florida et Georgia), à LSU voir aux nouvelles venues comme Arkansas ou TAM mais on a(vait) tendance à oublier les deux Universités de l’Etat sudiste par excellence : Le Mississippi.

Alors oui, on connait tous un peu Ole Miss, qui eut sa grande époque du temps de Manning Père( http://oliviersportsworld.blogspot.fr/2014/02/dans-la-famille-manning-je-demande-le.html) et fut à nouveau sous les feux des médias du temps de Manning Fils (Eli). On sait aussi que l’état a donné au football Brett Favre (qui est diplômé de Southern Mississippi) mais si il y a bien une équipe de la SEC qui est habituée à l’ombre et aux fonds des classements c’est bien Mississippi State. En tout cas jusqu’à cette saison 2014 où subitement les deux grandes Universités de l’Etat connaissent ensemble leur meilleure saison depuis des lustres et se retrouvent toutes les deux classées 3èmes dans le dernier Top 25 de l’AP. Avant ce qui est peut-être le plus grand match de l’histoire de l’équipe, samedi contre Auburn, petit cours de rattrapage sur l’histoire pas si vide des Bulldogs de Mississippi State.

On joue au football depuis 1895 sur le campus de Starkville. Davis Wade Stadium at Scott Field et ses 61 000 places est d’ailleurs le second stade le plus vieux de première division. Jusqu’en 1925, le nom officiel de la fac est Mississippi A&M et l’équipe s’appelle les Aggies. L’équipe connait une belle période à la fin des années 30 avec un Orange Bowl perdu en 1937 et une saison quasi parfaite (10-0-1, un nul 7-7 contre Auburn) en 1940 derrière le coaching d’Allyn McKeen. Leur classement (9ème) de fin de saison sera le meilleur de l’histoire de l’Université. En 1941 MSU gagne le titre SEC (le seul de son histoire alors qu’elle est un de ses membres fondateurs) avec une fiche de 8-1-1. Mais cet « âge d’or » se termine vite.

Jusqu’en 1960 le surnom de l’équipe est les Maroons avant que l’appellation Bulldogs soit officialisée. L’équipe se traine aux fonds des classements de la SEC pendant toute la période de l’après- guerre à l’exception de la saison 1963 où une fiche de 7-2-2 leur permet d’aller jouer et gagner le Liberty Bowl.

Sous la direction de Bob Tyler entre 73 et 78 MSU est enfin compétitive. Notamment 9-3 en 74 avec une victoire au Sun Bowl et 9-2 en 76 avec une 20ème place dans le top 25 final de l’AP. Son remplaçant Emory Bellard n’est pas n’importe qui. Considéré comme l’inventeur de la Wishbone il va permettre aux Bulldogs de continuer leur bonne période avec des fiches de 9-3 en 80 et 8-4 en 81. Lors de la saison 1980 MSU bat 6-3 une équipe d’Alabama classée numéro 1. Après le départ à la retraite de Bellard l’équipe retombe dans la médiocrité voir la nullité (14 victoires en 5 ans entre 86 et 91).

C’est Jackie Sherrill qui va réveiller l’équipe au milieu des années 90. Champion de la SEC West en 98 avec une défaite contre Texas au Cotton Bowl, MSU culmine en 99 avec une fiche de 10-2 et un ranking de fin de saison à la 12ème place, son meilleur de l’après-guerre. L’équipe a la meilleure défense du pays cette année-là. Pour lutter contre les grosses machines de la conférence qui glanent tous les meilleurs prospects des lycées de la région, Sherrill est un des premiers coachs de première division à largement puiser dans le réservoir des Junior colleges. Au total il va emmener les Bulldogs à 6 bowls entre 1991 et 2000. Il prend sa retraite en 2003 en ayant enfin fait exister Mississippi State dans le paysage du foot universitaire du Sud.

Son remplaçant Sylvester Croom arrive sous les projecteurs de tous les médias du pays : Il est le premier head coach noir de l’histoire de la SEC. Après des débuts difficiles il fait une belle saison en 2007 (8-4) et est élu Coach of the Year par l’AP mais l’embellie est provisoire et après une saison 2008 catastrophique (4-8 mais surtout un 0-45 contre les rivaux d’Ole Miss lors du traditionnel Egg Bowl) il est remplacé par Dan Mullen le coach toujours en place aujourd’hui. Ce dernier ancien coordinateur offensif à Florida rencontre un certain succès. 8-4 en 2010 et 15ème aux rankings de fin de saison avec une victoire au Gator Bowl contre Michigan, les Bulldogs sont annoncés comme une possible équipe surprise avant la saison 2011 (classés 19ème dans les rankings de pre saison) mais terminent seulement 6-6 . Ils rebondissent en 2012 avec une fiche de 8-4 après un départ en trombe (7-0). L’an passé après une saison moyenne (6-6) ils sont tout de même invités pour un bowl pour la 4ème saison de suite, une première pour l’équipe. Dans une SEC West qui domine tout depuis 7 à 8 ans MSU a ainsi doucement et discrètement tracé sa voie ces dernières saisons pour finalement apparaitre au grand jour en cette saison 2014.

Avec de longues périodes de médiocrité, l’intérêt des fans s’est souvent porté sur un seul match lors de ces tristes saisons des années sombres : The Battle of the Golden Egg, le nom officiel du « Egg Bowl », la rencontre annuelle entre MSU et Ole Miss. Joué sur terrain neutre au Veterans Stadium de Jackson de 1927 à 1991 il alterne désormais entre Starkville et Oxford. Ole Miss mène les débats avec une fiche de 61-43-6 dans ce match mais ces dernières décennies le duel est équilibré (12-10 pour MSU depuis que le match ne se joue plus à Jackson).

L’autre match suivi par les fans chaque année est « The Battle for Highway 82 » contre Alabama, les deux universités étant les deux plus proches géographiquement de la SEC (90 miles entre les deux campus) mais là il faut bien dire que les victoires des Bulldogs sont TRES rares (18-77-3 et une série en cours de 6 défaites). Si cette fiche est la pire que MSU possède contre une équipe de la SEC, elle n’est « en positif » historiquement que contre Vanderbilt (12-7-2). Ses 24-61-2 contre Auburn, 34-71-3 contre LSU sont assez significatifs : MSU a été longtemps une victoire facile pour les grandes équipes de la Conférence.

Comme toute équipe NCAA, MSU a quelques traditions tenaces. La plus connue reste la « cowbell ». Depuis au moins la fin des années 30 (la « grande époque » de l’Université), les fans se déplacent au stade avec des petites cloches de vaches. Cette habitude rendait Davis Wade Stadium l’un des plus bruyants de la NCAA. Mais en 1974 la SEC interdit les objets bruyants dans les tribunes et la tradition doit s’arrêter aux portes du stade. Apres de nombreuses années de lobbying, MSU obtient enfin en 2010 le droit de faire à nouveau sonner les cloches dans son stade sous certaines conditions (notamment en ne s’en servant pas quand l’adversaire est en attaque).

Même si les Bulldogs n’ont que très rarement fait partie de l’élite de la NCAA, onze d’entre eux ont été draftés au premiers tour en NFL et 124 ont joué dans la ligue pro. Parmi les plus connus on citera le receveur des Bills Eric Moulds (Promotion 1996), un autre Bills Kent Hull le centre du Buffalo 4 fois champion AFC au début des années 90, DD Lewis LB des Cowboys de la grande époque (1ère génération années 70), Tyrone Keys DL de la grande équipe des Bears de 1985 et les joueurs actuels Fletcher Cox (DE des Eagles) et Derek Sherrod (OT des Packers).

MSU est aussi la fac du romancier John Grisham et reste une référence NCAA en baseball. A ce titre les Bulldogs de 1985 restent une équipe mythique (avec les futures stars MLF Jeff Brantley, Bobby Thigpen et surtout Will Clark et Rafael Palmeiro). Autre diplomé de MSU dans l’actualité cet automne le manager des Orioles de Baltimore Buck Showalter dont l’équipe est qualifiée pour les finales de l’American League.

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